Le Collecti.e.f 8 maars, indépendant des partis et syndicats, a appelé les femmes* de Belgique pour la seconde fois cette année à rejoindre le mouvement international de grève féministe. Ces 8 et 9 mars, des millions de femmes* à travers le monde vont arrêter différentes formes de travail : le travail rémunéré, le travail ménager et de soin aux autres, les études et la formation, ou encore la consommation. Sous le slogan “On s’arrête toutes, on arrête tout, on s’arrête partout!”, des dizaines d’arrêts de travail, d’actions symboliques et de manifestations sont organisées en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles.
L’engouement de l’année dernière autour de la journée du 8 mars (journée internationale de lutte pour les droits des femmes*) s’est encore accentué cette année. De nouveaux groupes de mobilisation pour la grève des femmes* se sont lancés à travers le pays, où un collectif 8 maars local existe désormais dans la plupart des grandes villes : Hasselt, Louvain, Bruxelles, Tournai, Liège, Gand, Anvers, Louvain-la-Neuve et Namur. Le nombre de participantes à la grève reste difficile à estimer, notamment pour ce qui est de l’arrêt de la consommation et du travail domestique. Nous appelons à sortir gants de vaisselle et tabliers aux balcons et aux fenêtres en signe de participation ou de soutien.
De nombreux appels à la grève ont émergé pour ce lundi 9 mars : hôpitaux, universités, barreau, écoles d’art, horeca, nettoyage, secteur associatif… Des sage-femmes aux serveuses, en passant par les avocates et les travailleuses domestiques, des centaines de femmes* seront en grève ce lundi contre le système capitaliste, raciste et patriarcal qui nous exploite et nous opprime.
La FGTB a déposé un préavis d’actions interprofessionnelles pour les 8 et 9 mars. En pratique, cela signifie que les travailleuses de tous les secteurs pourront faire grève et recevoir des indemnités. La Centrale nationale des employé-e-s (CNE) de la CSC ne dépose pas de préavis mais apporte son soutien à la grève des femmes*. Des préavis peuvent ainsi être déposés en entreprise et nous encourageons donc toutes les femmes* membres de la CNE à contacter leurs délégué-e-s et permanent-e-s. Nous tenons également à rappeler que la grève est un droit individuel.
Deux jours de grève
Le 8 mars 2020 est un dimanche. C’est un jour de congé pour beaucoup, mais en aucun cas pour toutes les travailleuses. En effet, de nombreux secteurs, tels que le commerce, l’hôtellerie, la culture, les soins de santé et les transports, sont concernés par le travail du dimanche. En outre, s’occuper des tâches familiales et ménagères est un travail quotidien pour la plupart des femmes*, même pendant les « jours de repos ». De plus, beaucoup d’étudiantes sont obligées de travailler le weekend. L’appel à la grève du dimanche prend donc tout son sens.
Afin que toutes les femmes* puissent faire valoir leurs revendications dans le cadre de leur lieu de travail ou de formation, le Collecti.e.f a choisi d’étendre l’appel à la grève au lundi 9 mars. Les entreprises, les administrations et les écoles seront donc touchées par une grève qui s’étendra jusqu’au lundi. La décision de prolonger la grève le 9 mars est aussi une volonté de prendre en compte la réalité souvent oubliée du travail de nuit.
Dimanche 8 mars
Ce dimanche, des actions sont prévues partout en Belgique, par les groupes 8 maars locaux mais aussi par d’autres collectifs, des associations et les syndicats. Des départs groupés pour la manifestation nationale à Bruxelles sont également organisés, ainsi que des manifestations locales à Anvers, Gand et Liège. A Anvers, le Collecti.e.f 8 maars propose en fin de manifestation une seconde édition de son “Women’s Strike Festival”. A Gand, Liège et Bruxelles, des garderies sont mises en place par des hommes en soutien à la grève, pour permettre à toutes de participer aux mobilisations.
A Bruxelles, à partir de 10h du matin, le Collecti.e.f 8 maars occupe la place de l’Albertine au bas du Mont des Arts, derrière la Gare centrale. Des assemblées thématiques et des concerts y seront organisés, entre autres activités. A 13h, le collectif Sororidad sin Fronteras (“Sororité sans frontières”) y organise la performance chilienne “un violeur sur ton chemin” qui fait le tour du monde depuis plusieurs mois. A 14h, le cortège pour la grève féministe rejoindra la manifestation pour les droits des femmes* organisée par la Marche Mondiale des Femmes. L’année dernière, nous étions 15 000 à prendre les rues de Bruxelles pour crier notre colère et exprimer collectivement notre désir d’opérer un changement radical de société. Cette année, nous serons plusieurs dizaines de milliers à travers le pays.
Lundi 9 mars
Le lundi 9 mars, un appel à faire du bruit est lancé entre 11h et 14h, afin de visibiliser la grève, partout où nous sommes. Des rassemblements sont organisés à cet effet dans certaines localités, comme à Mons, à Liège ou à Schaerbeek. De nombreux arrêts de travail ont lieu à travers le pays, notamment dans les structures associatives, les universités et hautes écoles et dans le secteur de la santé.
Le secteur de la santé se mobilise depuis maintenant un an pour un refinancement public et contre les logiques managériales qui nuisent aux soignant-es comme aux soigné-e-s. Les travailleuses du secteur des soins (composé à 75% de femmes*) souffrent d’une invisibilisation de leurs compétences : prévenance, attention, sensibilité… Ce travail d’écoute, estimé “naturel” chez elles parce que femmes*, n’est donc pas valorisé. Cette invisibilité du travail de soin se traduit par des salaires inférieurs, mais aussi par des réductions drastiques du temps humain accordé par patient dans des structures d’accueil et de soin définancées voire privatisées. Le collectif “La santé en lutte”, qui participe à la journée du dimanche aux côtés du Collecti.e.f 8 maars, est également mobilisé ce lundi, comme à l’hôpital Saint-Pierre où le personnel soignant sera en arrêt de travail à midi.
A Bruxelles, le 8maars-bus fera la tournée des piquets de grève durant la matinée. Le point de départ à lieu à l’ULB, où étudiantes et travailleuses en grève seront rassemblées, notamment pour l’extension des droits et avantages du personnel de l’institution au personnel de la sous-traitance. Le bus passera ensuite par les piquets de grève de l’INSAS, des travailleuses HORECA à Saint-Gilles et des avocates devant le Palais de justice, pour ensuite rejoindre le rassemblement place communale de Schaerbeek et terminer son circuit à la place Surlet de Chokier, où se rassemblent les grévistes du secteur socio-culturel avec le soutien de la CNE.
A Louvain-la-neuve, des hommes alliés vont cuisiner et distribuer des repas aux grévistes. A Mons, les étudiantes se rassembleront dès le matin sur les campus de l’UMons avant la minute de bruit sur la Grand place. A Tournai, le collectif 8 maars local organise une après-midi d’ateliers et de discussions autour de la grève. A Hasselt, en soirée, elles proposent une performance et des tables de conversation.
Des photos des événements seront postées durant les deux jours dans ce dossier.
« Quand les femmes* s’arrêtent, le monde s’arrête. »
* Nous sommes un collectif sans hommes cisgenre. Cisgenre désignant toute personne qui se reconnaît dans le genre qui lui a été assigné à la naissance.