Appel à la grève 2024

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Appel à toutes les femmes* à participer à la grève des femmes* du 8 mars 2024

Nous, membres du collectief 8 maars, syndicalistes, militantes d’organisations féministes et citoyen.ne.s engagé.e.s,  rejoignons l’appel international  à une grève des femmes* le 8 mars 2024, Journée internationale de lutte pour les Droits des femmes.

Nous appelons toutes les femmes* à ne pas travailler ce jour-là, ni pour leur employeur, ni pour leur ménage. À ne pas aller sur leur lieu d’étude et à ne faire que les courses essentielles.
Les femmes* se mobilisent pour revendiquer leurs droits, protester contre les inégalités et mettre  en lumière leur travail rendu invisible par nôtre société.  

Aujourd’hui, les femmes gagnent toujours 23,1% de moins que les hommes sur une base annuelle(1). Les tâches ménagères et familiales représentent 9 heures et demie de travail en plus par semaine(2). Elles souffrent donc particulièrement du manque d’accès à des services publics de qualité. Le sexisme et les violences envers les femmes constituent un problème grave que l’on retrouve dans toutes les couches et tous les domaines de notre société. 

Nous nous trouvons à un moment crucial : 2024 sera une année électorale, à de nombreux niveaux. Les politiques du gouvernement fédéral de la Vivaldi et des gouvernements régionaux ont aggravé les inégalités. Pensons aux réformes des pensions, au pacte pour l’emploi, à la faible réponse apportée à la crise de l’énergie, et à l’approche budgétaire insuffisante en matière de lutte contre les violences faites aux femmes. Parallèlement, 2023 a été une année de luttes courageuses comme celles des delhaiziennes contre la franchise ou celles des secteurs associatifs et de soins qui souffrent d’un manque massif de financement.

Partout dans le monde, la droite et l’extrême droite progressent, et les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+ s’en trouvent impactés. Face à cette menace, nous restons particulièrement vigilantes et défendons une société égalitaire, solidaire avec les plus opprimé.e.s et accessible à toutes et à tous. Enfin, nous marquons notre solidarité avec les femmes qui, ailleurs dans le monde, sont victimes de la guerre, de la crise climatique et d’inégalités extrêmes. 

Ce que nous voulons le 8 mars prochain: 

Un réinvestissement majeur dans les crèches et les services publics, qui souffrent depuis des années de coupes budgétaires. 

Les travailleuses tirent la sonnette d’alarme sur la situation préoccupante dans les crèches. Le nombre de places est insuffisant, le nombre d’enfants par travailleuse est trop élevé, la charge de travail est insoutenable. Le personnel abandonne, il y a des accidents, la rémunération pour ce métier essentiel est médiocre. Les services de prise en charge de la petite-enfance permettent aux femmes de travailler, de suivre des formations, de développer de nouvelles activités, etc. Une fois de plus, ce sont elles qui sont forcées de rester à la maison, faute de crèches pour garder les enfants. Cette nécessité est diamétralement opposée aux mesures d’austérité qui sont appliquées depuis des années dans le secteur et tous les services publics. 

Il n’y a pas que les crèches : la régression dans les domaines de l’enseignement, du transport, des soins de santé, des soins aux personnes âgées, de l’aide à la jeunesse, des secteurs alimentaires… plongent également les femmes dans une situation inégale et difficile. Pour lutter contre les inégalités, il faut une solution sociale. Pour les femmes, c’est la double peine : d’une part, parce que nous travaillons nous-mêmes dans le secteur public, où la charge de travail augmente et où les salaires sont bas ; d’autre part, parce que nous avons énormément besoin de ces services pour pouvoir mener une vie digne. 

Nous nous opposons aux règles budgétaires européennes qui risquent d’être à nouveau durement appliquées. Nous exigeons un refinancement massif des services publics via une fiscalité plus juste.

Nous exigeons un salaire minimum. Élevé et une meilleure rémunération des secteurs féminisés pour accroître l’indépendance financière des femmes. Nous exigeons la défense de l’indexation automatique des salaires, comme une nécessité face au risque de pauvreté lié à la flambée des prix. 

L’écart salarial en Belgique est de 23,1 %(3). Cet écart salarial s’explique par le fait que près de la moitié des femmes travaillent à temps partiel – le plus souvent, de manière involontaire, ainsi que par la dévalorisation des secteurs féminisés. Or, ce travail d’intérêt social, essentiel au bon fonctionnement de la société, ne se traduit pas en salaires décents. C’est pourquoi il est important d’augmenter réellement le salaire minimum pour qu’il atteigne partout au moins 17 euros de l’heure. 

Il faut abolir également la loi de 1996 sur la norme salariale afin de pouvoir à nouveau négocier librement les salaires. Lors des dernières négociations salariales, les salaires ne pouvaient augmenter que de 0,4 % maximum : ce ne sont que des miettes.  

Il faut mettre un terme à la multiplication des contrats précaires (temps partiel forcé, CDD, interim, flexijob) et à l’exploitation des personnes sans papiers. Car cela crée un dumping social, une spirale vers le bas de nos conditions de travail, qui amène à plus de précarité pour toutes et tous.

Nous exigeons plus de budget pour la prévention des violences sexistes et sexuelles envers les femmes* et les enfants ainsi que des études sérieuses sur l’étendue du problème. 

L’amélioration des revenus des femmes et l’investissement dans les services publics sont un moyen de protéger les femmes victimes de violences. En effet, les femmes en situation sociale difficile (contrat précaire, logement douteux,…) ont plus de risques de vivre des situations de violences : elles ont peu accès aux soins, à leurs droits et à la possibilité de quitter leur environnement familial ou professionnel violent. 

Le nombre de féminicides ne diminue pas. Ceux-ci découlent d’une continuum de violences. Cela commence par le sexisme ordinaire et va jusqu’au féminicide. La police, la justice et la société ne prennent pas en compte la parole des femmes systématiquement et continuent à sous-estimer l’ampleur du problème, notamment en ne produisant pas assez de statistiques et chiffres.

En 2012, la Belgique a signé la Convention d’Istanbul, qui définit une stratégie claire et fournit des outils pour lutter contre les violences faites aux femmes. Récemment, elle a aussi ratifié la Convention 190 de l’OIT pour agir contre les violences au travail. Mais l’élaboration de mesures concrètes progresse trop lentement et les budgets ne sont pas suffisants. Nous exigeons que cela devienne une priorité d’investir massivement dans la prévention et la prise en charge des victimes et des auteurs mais aussi dans les institutions judiciaires, policières et les services sociaux. Parce que chaque retard supplémentaire coûte la vie à trop de femmes et les condamne, elles et des milliers d’enfants, à vivre des situations violentes. 

Nous appelons toutes les femmes* à se joindre à la grève du 8 mars et à tous les alliés à soutenir les actions pour l’égalité. 

Nous arrêtons les tâches ménagères, le travail, les cours et la consommation. Ensemble, nous descendons dans la rue et organisons des actions au travail et dans les lieux d’études partout en Belgique.  Nous appelons le nombre le plus large possible de femmes à participer. Nous sommes solidaires avec celles qui ne peuvent pas quitter leur travail, celles pour qui la grève n’est pas une option, celles qui n’ont pas la possibilité d’agir, et avec les femmes du monde entier en particulier celles  qui vivent des temps encore plus durs ou des guerres. Nous affirmons notre soutien à toutes les victimes civiles palestiniennes et à leur lutte pour la paix et une société égalitaire.

Il n’y a pas qu’en Belgique que les femmes feront grève le 8 mars. Des millions de femmes dans de nombreux pays feront pareil  notamment en Espagne, en Suisse et en Argentine . Partout dans le monde, les femmes descendront en masse dans les rues. Parce que lorsque les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête!

Toi aussi, tu veux aussi agir  pour soutenir et mobiliser pour la grève ?

  • Prends contact avec un des groupes locaux du Collectif 8 mars. Nous sommes présentes dans les grandes villes de chaque province.
  • Si tu veux faire grève ou mener une  action sur ton lieu de travail : Contacte ton syndicat et vois comment vous pouvez faire la grève.
  • Programme un out-of-office, prends une heure de pause supplémentaire ou quitte le travail une heure plus tôt.
  • Agit au sein de ton organisation étudiante ou  ton lieu d’étude..
  • Accroche un tablier à la fenêtre
  • Ne fais pas les tâches domestiques à la maison. 
  • Participe aux différentes activités dans les villes.
  • Invite les hommes autour de toi à être solidaires de notre lutte pour l’égalité !

Rendez-vous le 8 mars ! Quand les femmes* s’arrêtent, le monde s’arrête !

* Les femmes, minorité de genre et toute personne perçue ou qui se reconnaît en tant que telle 

Références:

(1)https://emploi.belgique.be/fr/themes/egalite-et-non-discrimination/egalite-femmes-hommes-lecart-salarial

(2) https://igvm-iefh.belgium.be/sites/default/files/fh2020-ch7.pdf

(3) https://emploi.belgique.be/fr/themes/egalite-et-non-discrimination/egalite-femmes-hommes-lecart-salarial

(4) L’écart salarial entre les femmes et les hommes en Belgique – Rapport 2022 | Institut pour l’égalité des femmes et des hommes (belgium.be)

LES SIGNATAIRES DE 2023
FR :
https://tinyurl.com/8mars23
NL : https://tinyurl.com/8maart2023