De l’Amérique Latine, en passant par l’Espagne, la Suisse et de nombreux autres pays, l’appel international pour la grève des femmes* prend de l’ampleur depuis 2018.
Alors que nous vivons une période historique de crises sociale, économique, écologique et démocratique, 1% des plus riches ont capté près de deux tiers de toutes les nouvelles richesses produites depuis 2020, 42 0000 milliards de dollars . Ces crises touchent particulièrement les femmes, la classe travailleuse avec et sans emploi, les personnes migrantes et/ou racisées et les minorités de genre.
Par-delà la diversité de nos vécus, combats et actions, nous pensons important de rejoindre et renforcer cet appel à la grève et aux mobilisations pour l’égalité. Par un arrêt d’une journée ou d’une heure du travail salarié, des tâches domestiques, des études et/ou de la consommation, nous voulons montrer que « lorsque les femmes* s’arrêtent, le monde s’arrête ».
1. Stop à la précarisation des femmes* ! Pour des salaires, des conditions de travail et des pensions qui permettent de vivre dignement !
Crèches, soins et services non marchands, commerce ou nettoyage, les femmes sont surreprésentées dans des secteurs essentiels, mais pourtant très peu rémunérés. Elles sont d’autant plus exploitées si elles sont en séjour précaire, sans permis de travail.
En 2023, les femmes gagnent annuellement 21,6% de moins que les hommes en Belgique, tous secteurs confondus . Elles sont surreprésentées dans des secteurs avec des salaires très bas, des contrats temporaires et des emplois à temps partiel subi. Et la situation s’empire vu que durant la période de 1980 à 2020, la part des femmes travaillant à temps partiel est passé de 20 % à 43%. Presque 4 fois plus que les hommes (11% en 2020). Pourtant, seule une minorité d’entre elles l’a réellement choisi. Augmentons le salaire minimum, limitons le temps partiel forcé.
Toutes ces inégalités de salaire se répercutent sur les revenus de remplacement et s’accumulent au moment de la pension: la pension moyenne des femmes en Belgique est inférieure à 1000€/mois . Alors que la Vivaldi voulait défendre l’égalité femmes-hommes, la réforme actuelle sur la pension minimum augmentera encore les inégalités.
Dans ce contexte d’inflation, les factures sont impayables. Nous devons bloquer les prix, pas nos salaires, ni nos allocations.
Enfin, le montant des allocations familiales doit permettre de couvrir les dépenses liées à l’éducation des enfants.
2. Investir dans les crèches et dans des solutions collectives pour lutter contre la double journée de travail des femmes
Ménages, enfants, courses, … les femmes continuent d’assumer 2/3 des tâches domestiques et familiales . C’est 100% pour les familles monoparentales. Une puéricultrice pour 9 enfants en crèche, comme c’est le cas en Flandre, c’est dangereux pour les enfants et intenable pour les travailleuses. La situation est similaire dans de nombreux secteurs d’accueil et de soins. Face à cette situation, il est nécessaire d’investir beaucoup plus dans les crèches, ainsi que dans tous les services publics et collectifs. En plus d’aider les usagères et usagers, cela permettrait de soutenir les travailleuses de ces secteurs, en manque de personnel et de moyens.
Il est essentiel de parvenir à une meilleure conciliation de la vie privée et de la vie professionnelle. La bataille pour le temps libre a toujours été cruciale. Aujourd’hui encore, le temps disponible demeure le reflet des inégalités sociales et de genre. Contrairement aux actions portées par la Vivaldi, nous voulons améliorer l’accès aux congés thématiques et aux crédit-temps et les revaloriser financièrement. Nous voulons une réduction collective du temps de travail avec maintien des salaires plutôt que des flexi-jobs.
3. Des moyens ambitieux pour mettre fin aux violences
Les violences physiques, psychologiques et sexuelles continuent à faire des ravages à la maison, au travail ou dans la rue, à toutes les étapes de la vie de toutes les femmes. En 2022, au moins 24 féminicides ont été répertoriés. 94% des femmes déclarent avoir subi du sexisme au travail . 20 plaintes sont déposées chaque jour pour violences conjugales. Mais c’est sans garantie de protection ni de réparation, étant donné le manque de moyens des services d’accompagnement et l’incapacité persistante de la police et de la justice à intervenir de manière adéquate dans la plupart des cas auprès des victimes et des auteurs.
Le manque d’autonomie financière ou les statuts précaires renforcent encore ces violences et enferment les femmes dans une dépendance économique dangereuse. Le dysfonctionnement et le manque de financements des structures d’accueil, la lenteur administrative et politique isolent et mettent en danger les femmes*.
Nous avons besoin de moyens financiers structurels. De plans ambitieux de lutte contre les violences faites aux femmes*.
Nous avons besoin d’investir massivement dans la prévention, notamment pour avoir une meilleure prise en charge par les institutions judiciaires et policières des victimes et des auteurs.
4. Lutter contre l’extrême droite et les politiques conservatrices
En Belgique et dans le monde, les partis et idéologies conservatrices et/ou d’extrême droite gagnent du terrain. Leur image faussement sociale tente de dissimuler leur programme. Que l’on peut résumer par “ diviser pour mieux régner”, et qui vise à nuire aux droits fondamentaux des femmes et des minorités. Sont ciblés notamment le libre choix et l’accès aux droits reproductifs et aux soins de santé adaptés à leurs propres choix.
Un appel à toutes les femmes* à participer à la grève et à tous à soutenir les actions pour l’égalité.
Au travail, à la maison, aux études et partout ailleurs, nous voulons que nos droits soient respectés ! L’égalité, nous avons toutes et tous à y gagner.
Nous invitons toutes les personnes à se mobiliser avec leurs collègues, leurs voisin.e.s, leurs proches et à rejoindre ou soutenir l’une des nombreuses actions qui auront lieu à travers le pays et le monde. Que ça soit par un arrêt de travail, une marque de soutien à votre fenêtre, la participation à une manifestation dans la rue, l’organisation d’une assemblée du personnel, une levée de cours, un rassemblement, … Soyons solidaires aussi avec celles qui ne peuvent jamais s’arrêter. Nous sommes solidaires de toutes les femmes du monde entier.
Quand les femmes* s’arrêtent, le monde s’arrête.